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Abdoulaye Hissène : un héros du DDRR , maintenu toujours en prison, ses partisans demande sa libération

Abdoulaye Hissein

Corbeau News Centrafrique - 15/4/2025

Ancien ministre et ancien chef militaire du FPRC, Abdoulaye Hissène a joué un rôle clé dans le désarmement des groupes armés au pays. Pourtant, il est aujourd’hui incarcéré, poursuivi par une justice que beaucoup accusent de servir des intérêts politiques plutôt que la vérité. En Centrafrique, l’arrestation d’Abdoulaye Hissène, ancien chef rebelle et ex-ministre, continue de faire des vagues, plus d’un an après son interpellation par l’Office central pour la répression du banditisme (OCRB) à Bangui. Transféré à la Cour pénale spéciale (CPS) pour des accusations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, son cas pose aujourd’hui de nombreuses questions. Ses partisans, mobilisés de la capitale jusqu’à Ndélé, dans la préfecture de Bamingui-Bangoran, crient à une injustice et exigent sa libération immédiate, dénonçant ce qu’ils décrivent comme une manipulation politique pure et simple. Une arrestation aux contours flous Arrêté il y a plus d’un an par l’unité de police de l’OCRB, Abdoulaye Hissène est aujourd’hui au cœur d’un dossier qui, selon certains observateurs, manque de clarté. Officiellement, il est poursuivi pour des faits graves, mais les détails concrets peinent à convaincre une partie de la population. Beaucoup y voient plutôt une rivalité politique, alimentée par des jeux de pouvoir au sommet de l’État. Les regards se tournent notamment vers le ministre d’État à la Justice, Arnaud Djoubaye Abazène, que beaucoup accusent d’être le principal artisan de cette affaire. Dans les provinces comme à Bangui, son nom revient sans cesse, pointé du doigt comme celui qui aurait tout manigancé. Les proches d’Abdoulaye Hissène, eux, vont plus loin. Pour eux, cette arrestation n’a rien à voir avec des crimes contre l’humanité. Ils estiment qu’en suivant la logique des accusations portées contre lui, une grande partie des anciens chefs rebelles – y compris ceux qui occupent aujourd’hui des postes au gouvernement – devraient aussi être derrière les barreaux. Le paradoxe est d’autant plus frappant qu’Abdoulaye Hissène est perçu comme l’un des rares à avoir réellement joué le jeu de la paix. Un engagement massif dans le désarmement Le programme de Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement (DDRR) est au cœur de cette histoire. Selon un document officiel datant de 2021 et consulté par la rédaction du CNC, le groupe armé dirigé par Abdoulaye Hissène avait déjà désarmé plus de 600 combattants, un chiffre impressionnant à l’époque. Et ce n’était qu’un début : en 2023, ce nombre aurait grimpé à près de 1 200, selon ses proches et des sources locales. Ces efforts placent son mouvement loin devant beaucoup d’autres groupes armés en termes de participation au processus de paix. Pour mémoire, voici le classement des groupes armés ayant pris part au désarmement en 2021, d’après les données de la présidence de la République : FPRC : 604 personnes AB Mokom : 364 personnes MPC : 315 personnes UFR-F : 279 personnes RPRC : 277 personnes 3R : 252 personnes AB Ngaïssona : 209 personnes RJ/Sayo : 171 personnes Seleka Renovée : 145 personnes RJ/Belanga : 128 personnes UFR : 116 personnes MLCJ : 87 personnes FDPC : 76 personnes UPC : 0 personne En 2021, le FPRC dominait ce classement avec 604 démobilisés. Mais deux ans plus tard, en 2023, le groupe d’Abdoulaye Hissène aurait largement dépassé ce seuil, atteignant presque 1 200 combattants désarmés. Pourtant, pendant que lui croupit en prison, d’autres chefs rebelles, dont les groupes ont à peine désarmé 200 (RPRC de Djono Ahaba) ou moins de 100 éléments (MLCJ de Déya), occupent aujourd’hui des fauteuils ministériels – certains au Transport, d’autres à la Justice ou encore à l’Élevage. Une justice à deux vitesses ? Cette situation paradoxale alimente un sentiment d’incohérence. Comment expliquer qu’un homme ayant désarmé autant de combattants, avec des armes rendues en quantité, soit aujourd’hui traité comme un criminel, tandis que d’autres, impliqués dans des violences similaires voire pires, échappent aux poursuites ? L’exemple de Hassan Bouba, ministre de l’élevage, arrêté par la cour pénale spéciale puis libéré sous la pression des mercenaires russes du groupe Wagner avant de réintégrer le gouvernement jusqu’à ce jour, est souvent cité par les partisans d’Abdoulaye Hissène. Ces derniers demandent au président Touadéra de faire preuve de la même clémence envers leur leader. À Bambari, par exemple, des affrontements impliquant des éléments de l’UPC, un groupe qui n’a désarmé personne selon les chiffres de 2021, ont marqué les esprits. Pourtant, des figures liées à ces violences circulent librement, parfois protégées par des interventions extérieures. Pendant ce temps, Abdoulaye Hissène reste enfermé, son sort suspendu à une CPS dont les décisions sont de plus en plus critiquées. Une mobilisation croissante De Bangui à Ndélé, la colère monte. Les soutiens d’Abdoulaye Hissène ne désarment pas et appellent à sa libération, dénonçant un acharnement organisé par le ministre de la Justice et une partie de l’entourage présidentiel. Pour eux, cette affaire n’est qu’un règlement de comptes déguisé en quête de justice. Et si les journaux locaux en parlent abondamment, le flou persiste sur les véritables raisons de son incarcération. En attendant, l’histoire d’Abdoulaye Hissène reste un symbole émouvant : celui d’un homme qui, après avoir tendu la main à la paix, se retrouve pris dans un engrenage où la politique semble primer sur la vérité. Dans un pays où la réconciliation reste fragile, son cas pourrait bien laisser des traces durables….

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